A Goyave : Mgr Philippe GUIOUGOU a célébré la messe de la réconciliation


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jeudi 21 novembre 2024
Goyave

Après la violente agression dont a été victime, le Père Norbert TIBEAU, en pleine messe dominicale le 27 octobre dernier, Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe a tenu célébrer l’Eucharistie avec les fidèles mercredi soir 20 novembre 2024. Un office placé sous le signe de la réconciliation et marqué par une émotion certaine.

De retour en Guadeloupe, après plusieurs semaines passées dans l’hexagone, Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, s’est donc rendu mercredi soir 20 novembre 2024 à Goyave pour y célébrer l’Eucharistie. Cette célébration intervenait pratiquement un mois après la violente agression dont a été victime en pleine messe dominicale le Père Norbert TIBEAU. C’était le dimanche le 27 octobre dernier. Un acte d’une extrême gravité qui avait choqué toute la communauté de cette paroisse de Goyave.

À travers cette célébration, Mgr Philippe et les prêtres du doyenné ayant fait le déplacement, ont exprimé ainsi leur soutien et leur réconfort à Père TIBEAU, de même qu’à la communauté des fidèles de cette paroisse. Père Norbert, qui se remet peu à peu de son traumatisme était présent. Il a concélébré cette messe de réconciliation aux côtés du Pasteur de l’Eglise catholique en Guadeloupe. Etaient là également, le Père Eugène KAZE, curé de Capesterre-Belle-Eau et doyen du doyenné, Père Jasmin, vicaire de la paroisse de Capesterre B/E, Père Roland KINKOUNI, curé de Trois-Rivières et le diacre José OBERTAN, en charge de Pastorale Diocésaine des Hommes.

L’évêque se devait de venir soutenir et réconforter

Dans son propos introductif au tout début de la célébration, Mgr Philippe GUIOUGOU a eu ces mots. « J’ai tenu aujourd’hui à être présent avec la communauté de Goyave et plus largement avec le doyenné, représenté par ses différents curés et prêtres. Je n’oublie pas la ferveur et la joie que nous avons vécu ici-même, lors de ma récente visite pastorale. Je suis parti dans l’hexagone pratiquement un mois, à Lourdes en pèlerinage, ensuite à l’Assemblée Plénière des évêques de France, à Saint-Denis et à Saint-Sulpice. Et puis durant ce déplacement, j’ai eu la mauvaise nouvelle de l’agression de Père Norbert. Vous imaginez bien mon inquiétude. A distance, on vit toujours les choses de façon plus particulière. J’ai été rassuré par le fait que cette agression n’a pas laissé en tout cas de trop grosses séquelles apparentes. Le Père est là. Je l’ai rencontré. Nous avons pu échanger. Ma présence ce soir avec vous, c’est une manière aussi de venir soutenir la communauté. Car on est forcément un peu ébranlé par un tel acte, une telle attitude. Mais c’est aussi pour vous dire que nous sommes fortifiés dans la foi et c’est pour cela que c’est une messe pour la réconciliation. Un tel évènement peut provoquer en nous un peu d’aigreur, voir de la haine (le mot est difficile certes). Ce qui justifie que nous avons besoin parfois de nous réconcilier avec nous-même. Reste que la réconciliation exige aussi la justice. Car il n’y a pas de paix sans justice. Donc cette célébration, c’est une manière également de réclamer cette justice pour tout ce mal qui a été fait ».

Entre réconciliation et réparation

Ce préalable étant posé, l’évêque de Guadeloupe invita ensuite l’assemblée à accueillir la joie du ressuscité. Ce ressuscité qui justement vient nous réconcilier chaque jour, tous les jours de notre vie. « Alors tous ensemble, en communauté, accueillons la miséricorde du Seigneur » a ajouté Mgr Philippe avant le confiteor et le chant choisi pour le rite pénitentiel entonné avec intensité et profondeur par la magnifique chorale de la paroisse. Ce qui suscita une émotion très palpable parmi les fidèles, où l’on vit des larmes s’écouler.  Ce qui fait dire, avec le recul, que cette messe de la réconciliation avait sans doute aussi valeur de réparation.

Après la lecture du jour et le psaume, la liturgie de la Parole nous emmena à l’Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 19, 11-28) « Pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ? ». Evangile proclamé par le Diacre José OBERTAN. Le retour du Maître dont par le Jésus signifie la fin des temps, le moment où Jésus reviendra dans la Gloire. Jésus parle de celui qui n’a pas fait fructifier les dons que le Maître lui avait confié. C’est aussi une invitation à entendre cet avertissement de Jésus.

Attendre activement le Royaume de Dieu

Dans son homélie, Mgr Philippe releva que cet Evangile met l’accent sur l’attente active du Royaume de Dieu, en s’appuyant sur nos talents, sur nos charismes. « Que faisons-nous dans la vie de tous les jours, au sein de nos communautés, pour que par nos actions, par nos gestes, par nos paroles, nous manifestons que nous sommes un peuple qui attend activement la présence et la venue du Royaume de Dieu ? Nos charismes, nos dons, sont au service du bien. Faire le bien autour de nous. Faire le bien qui rassemble le peuple et non pas qui le disperse. Faire le bien qui nous fait grandir et avancer ensemble. Dieu nous dit également de ne pas arriver les mains vides dans son Royaume et la question nous est déjà posé : Avec quoi arriveras-tu dans mon Royaume ? Le Seigneur n’attend pas de nous que nous espérions son Royaume les bras croisés ».

Evoquant plus spécifiquement le traumatisme qu’a vécu la paroisse de Goyave, avec l’agression de Père Norbert, Mgr Philippe poursuivit en ces termes. « C’est un moment qui a forcément perturbé tout le monde. Mais le Père, vous avez bien vu, vous étiez là, a jugé forcément nécessaire de protéger le pain et le vin, le Corps et le Sang du Christ, à ce moment où on consacre, le cœur de notre Eucharistie. Ce geste pour lui était un geste indispensable, même au prix de s’interposer devant cet homme violent, pour dire oui à ce moment, je défends ce qui est essentiel pour mon ministère, pour la communauté, pour que nous préservions ce Corps et ce Sang », avant d’ajouter ce qui suit.

Un appel lancé aux hommes de la paroisse

« J’ai aussi dit à Père Norbert que cet épisode doit nous servir de leçon pour que nous puissions mieux protéger le cadre de notre église et de nos célébrations. Non pas pour entrer dans une phobie, car ce qui s’est passé est assez exceptionnel. C’est peut-être l’occasion de lancer un appel pour constituer, comme cela se fait dans certaines paroisses, un groupe d’hommes qui peut assurer la sécurité à l’entrée de l’église. Ne serait-ce qu’une présence masculine. Cela peut déjà rassurer, dissuader. Mais au-delà de cet aspect lié à la sécurité, il serait bon, bien entendu, que ce groupe d’hommes, se rassemble pour partager la Parole de Dieu et réfléchir sur cette Parole » a insisté l’évêque de Guadeloupe. « Souvent ça arrive dans la vie. D’un malheur, d’une difficulté, on peut tirer quelque chose de bien. On peut aller encore plus loin. En tirer du charisme et du talent pour fonder par exemple, ce groupe d’hommes sur la paroisse de Goyave, pour rassurer, mais aussi pour creuser la Parole de Dieu » a conclu Mgr Philippe GUIOUGOU dans son homélie, mercredi soir 20 novembre 2024, à l’église de Goyave, lors de la messe qu’il présidait, un mois après l’agression dont a été victime le curé de cette paroisse Père Norbert TIBEAU, en pleine Eucharistie.

Thierry FUNDERE

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