La célébration solennelle de la Fête de Christ-Roi de l’Univers à l’église éponyme des Mangles à Petit-Canal a une fois de plus réuni des centaines de fidèles. Dimanche matin 24 novembre 2024, à 10h00, ils sont venus de toute la Guadeloupe pour vivre ce temps fort. Ce pèlerinage a confirmé ainsi sa popularité, au même titre que ceux de Notre-Dame du Mont-Carmel Basse-Terre et de Fatima au Moule.
Pour la 2ème année consécutive depuis son ordination, c’est Mgr Philippe GUIOUGOU, notre évêque qui présida cette solennité, dans cette très belle église où le peuple de Dieu vient en masse chaque année, plus particulièrement à cette date. Dans le cœur de ce haut-lieu de culte, l’évêque de Guadeloupe avait à ses côtés pour célébrer cette eucharistie, le curé des paroisses de Petit-Canal, le Père Frédéric ESSENGO, son vicaire, Père Cédric BLONDIN, le Père Julien DOSSOUT, curé d’Anse-Bertrand et doyen du doyenné du Nord Grande-Terre, le père Albert BLANCHARD, aujourd'hui coopérateur de la paroisse de Morne-à-l'Eau, et le père Gino De La Cruz, vicaire du Sacré-Cœur, à Pointe-à-Pitre. Mais aussi les diacres René et Léandre. Les grands-clercs et servants d’autel ont aussi, par leur présence et leur service, à la beauté liturgique de ce temps fort.
Dans une grande et belle dévotion
C’est que la fête était belle. Nous fêtions tout de même le Christ-Roi de l’Univers, ce n’était pas rien. De l’accueil des fidèles, à la décoration de l’église, sans oublier surtout la chorale qui a magnifiquement animé cette célébration, tout a été bien orchestré, avec une forte implication des jeunes ainsi que l’encourage notre évêque. L’on se souviendra longtemps aussi de la procession des offrandes mélange de joie, de tradition, d’inculturation, d’expression corporelle et de diversité du peuple de Dieu emmenant le fruit de son travail (la quête, le pain, le vin, les fruits et légumes, de la canne à sucre…) à l’autel du Seigneur afin qu’il sanctifie lui-même et nous offre en retour son Corps et son Sang pour notre Salut. Belle image que celle de ces enfants catéchisés de la paroisse qui ont participé à cette procession, suscitant l’émotion des fidèles mais aussi des internautes (puisque la célébration était retransmise sur les réseaux sociaux du diocèse).
L’homélie de Mgr Philippe GUIOUGOU fut un véritable enseignement. Notre évêque rappela en préambule, que la Fête de Christ-Roi est une fête importante au sein de l’Eglise catholique. En ce sens qu’elle nous dit combien le Seigneur Jésus Christ est au cœur de notre Foi, au cœur de notre vie. Non sans avoir indiqué qu’à travers cette fête, nous terminons aussi le cycle de l’année liturgique et que c’est peut-être l’heure du bilan. « Qu’avons-nous vécu de fort ? Qu’avez-vous vécu avec le Seigneur ? » questionna le pasteur de notre diocèse.
« Nous pourrions résumer ce principe du Christ Roi en disant que sa royauté consiste essentiellement à prendre soin de nous les Hommes. Dans l’Evangile, nous voyons bien à quel point Dieu déploie beaucoup d’énergie, beaucoup d’efforts pour que le peuple d’Israël revienne à lui, pour qu’il se rende compte qu’il les a aimés et qu’ils se sont détournés de lui. Le Christ nous a aussi donné sa vie. Nous avons un Seigneur, le Christ, qui règne dans nos vies. Mais en réalité ce règne consiste à prendre soin de l’Homme. Il faut en faire l’expérience. Celle de se laisser aimer, approcher par ce roi, le Christ, qui est plein de tendresse et d’amour, lent à la colère, comme nous pouvons le lire dans les psaumes » a-t-il poursuivi.
Nous conduire sur le chemin du Royaume
Dans sa prédication, Mgr Philippe insista sur le but ultime du Seigneur Jésus Christ, qui est de nous conduire sur le chemin du Royaume. « Voilà pourquoi le Christ est là. Un chemin d’amour, de vérité et de vie. C’est un règne qui n’a pas de fin, comme nous l’avons entendu dans la Parole de Dieu. Il est l’alpha et l’oméga ; le début et la fin, celui qui est, qui était et qui vient. Son règne continuera toujours. Un règne nous dit-il qui n’est pas de ce monde, qui n’en partage pas les codes, là où les puissants de ce monde règnent par la force. Ça c’est une Bonne Nouvelle : le règne de Dieu n’est pas à l’image du règne de ce monde qui a mal compris ce que voulait dire régner. Certains ne vont pas accepter ce règne dans leur vie. Pilate dans l’Evangile, on a l’impression qu’il est quasiment prêt à accepter, mais finalement il refuse. Juda va également refuser ce règne. Et nous, que faisons-nous ? Ka nou ka fè èvè règne a bondyé an vi an nou ? Est-ce que vous laissez le Christ régner dans vos vies ? » interrogea-t-il à nouveau l’assemblée.
Rappelant que le règne du Christ-Roi, lui le ressuscité, est plus fort que la mort, plus fort que le mal, suscita une fois encore l’attention des fidèles en posant cette question : En quoi consiste le règne de Dieu ? « Le Seigneur nous dit dans l’Evangile, moi je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Voilà la raison de la présence du Christ dans notre monde. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. Voici donc le chemin des croyants que nous sommes. Alors, est-ce pour autant facile de toujours rester sur ce chemin de la vérité ? Dépawfwa nou ka pran chimen cochi, chimin bwa, nous connaissons cette expression. Nous pouvons admettre nos limites, notre petitesse. Non ce n’est pas facile de rester sur ce chemin de la vérité ».
A quoi reconnait-on la Vérité ?
Encore faut-il savoir à quoi reconnait-on la vérité. Comment savoir que nous sommes bien sur les pas du Christ ? Pour Mgr Philippe, c’est la question essentielle pour nous chrétiens. « Cette question n’est pas si simple car nous voyons que dans la Bible nous sommes mis en garde. Car le prince des ténèbres, Satan va tout faire pour nous détourner de la vérité. Cette question de la vérité n’est pas simple parce qu’elle peut prendre l’apparence de ce qui est vrai, de ce qui est bon, mais en réalité dans un deuxième temps, on se rend compte que c'était tout le contraire, et l'on découvre sa ki té ka atann nou an viraj la (ce qui nous attendait dans le virage). L’argent, l’égo, la domination, ces éléments nous détournent de la vérité, nous détournent du Christ. En vérité, il s’agit de nous mettre au service du Seigneur en faisant ce qu’il nous a commandé. C’est la meilleure manière de ne pas nous tromper, c’est forcément de faire, de vivre, de croire, ce que le Christ lui-même nous a commandé. C’est la meilleure boussole qui nous assure d’être sur la bonne voie. Cette vérité donc nous l’expérimentons en écoutant sa parole, tirée de la Bible, en essayant de la mettre en pratique, en vivant les sacrements qui viennent nous rappeler l’essentiel. Tout cela vient toucher nos vies, comme une présence, une chaleur, une certitude que là est le Christ. C’est ça la force des sacrements, c’est ça la force de l’Eglise : par ses sacrements, elle nous donne quelque chose qui est tangible, qu’on peut toucher » expliqua notre évêque.
Ces deux images me sont venues : la Croix et le Tombeau. Du tombeau du Christ, une lumière va jaillir pour venir éclairer nos ténèbres, éclairer ce qui est faux en nous pour nous montrer la vérité, éclairer ce qui est ténèbres dans nos vies pour nous montrer le chemin. Alors, frères et sœurs, laissez le Christ régner dans vos vies. Allez dire au monde qu’il n’y a rien à craindre et surtout que nous avons tout à gagner : la vie éternelle auprès du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Mgr Philippe GUIOUGOU
Quel roi aurait pris pour trône une Croix ?
Mais le point culminant de ce véritable enseignement de Mgr Philippe GUIOUGOU résidait sans doute dans cette réflexion très profonde et inspirée de l’évêque. « Ne trouvez-vous pas incroyable que le Seigneur ait pour trône une Croix ? Quand on est roi, on a un siège. Mais le Christ, il est le seul finalement, nous pourrions le dire, à avoir comme trône une Croix. Celui qui s’est élevé de terre a pour trône une Croix » a relevé notre Pasteur. « Quel roi aurait pris pour trône une Croix ? Il a été élevé de terre non pas pour écraser le monde, mais pour que la puissance de l’Amour qui se dégage de la Croix puisse inonder notre vie. De plus, le Christ-Roi que nous célébrons, a aussi eu pour maison, un tombeau. Ces deux images me sont venues en terminant cette homélie : la Croix et le Tombeau. Et que s’est-il passé au tombeau ? Une lumière va jaillir. Du tombeau du Christ, une lumière va jaillir pour venir éclairer nos ténèbres, éclairer ce qui est faux en nous pour nous montrer la vérité, éclairer ce qui est ténèbres dans nos vies pour nous montrer le chemin. Alors, frères et sœurs, laissez le Christ régner dans vos vies. Allez dire au monde qu’il n’y a rien à craindre et surtout que nous avons tout à gagner : la vie éternelle auprès du Père, du Fils et du Saint-Esprit » a conclu Mgr Philippe dans son homélie.
Convivialité et fraternité dans le sacerdoce
Après les mots de remerciements et la remise des cadeaux à l’évêque, mais aussi à tous les prêtres et diacres présents, il était temps pour Mgr Philippe GUIOUGOU de donner la bénédiction solennelle à toute l’assemblée, aussi bien à l’intérieur de cette église de Christ-Roi, mais sur le parvis de celle-ci et autour où des chapiteaux avaient été installés pour accueillir les nombreux fidèles qui ont aussi pu suivre la messe à l’extérieur sur écran géant. La matinée se termina par un temps de partage et une collation offerte aux pèlerins.
Le déjeuner autour de l’évêque fut servi au presbytère situé juste à côté de l’église, avec les prêtres qui concélébré cette eucharistie bien entendu, des membres du conseil pastoral paroissial, des représentants de la municipalité, les grands-clercs diocèse et les collaborateurs de l’évêque. Signe d’une belle fraternité dans le sacerdoce, arrivèrent ensuite en cours de repas, le Père Godefroy curé de Morne-à-l’Eau, le Père Christopher vicaire à Sainte-Rose, rejoint quelques instants plus tard par le Père Patrix DESEIDE curé des paroisses de Sainte-Rose et doyen du doyenné du nord Basse-Terre.
L’Adieu en plein cœur du week-end de Christ-Roi, de celle qui fit don du terrain sur lequel cette église est construite
C’est durant ce déjeuner pris en toute convivialité que l’on apprit le décès la veille au soir de cette fête de Christ-Roi, de Mme Marie GAUCHER, plus connue sous le nom de MARECHAUX, survenu à l’âge de 95 ans. Une figure du quartier étroitement associée à l’histoire de ce haut-lieu de culte. Et pour cause. A l’âge de 6 ans, c’est elle qui lors de l’inauguration de cette église des Mangles, en 1936, avait eu le privilège de poser la couronne sur la tête de la statue du Christ-Roi érigée dans le Cœur de cette église. Une église bâtie sur le terrain de ses parents dont elle a fait don à l’évêché permettant sa construction, il y a 91 ans. Un hommage sera bien évidemment rendu, à Mme Marie GAUCHER.
Thierry FUNDERE (Photos : Dimitri BAJAZET/Xavier CORIOLAN)
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