La famille guadeloupéenne au centre des préoccupations de Mgr Philippe GUIOUGOU


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mercredi 1 janvier 2025
Diocèse de Guadeloupe

Samedi 28 décembre 2024, la paroisse de Goyave a initié un temps spirituel qui promet d’être chaque année, de grande portée à l’échelle de notre diocèse. Elle a relancé en présence de Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, son pèlerinage d’antan dédié aux familles, à l’église du bourg. Nos cellules familiales guadeloupéennes souvent en crise, en ont grand besoin.

Un temps de prières, de ressourcement, de témoignages, de dévotion et surtout d’unité chrétienne autour de la famille. Voilà le défi qu’a relevé avec succès la paroisse Sainte-Anne de Goyave, samedi 28 décembre 2024, à l’église du bourg, sous l’impulsion de son curé, le Père Norbert TIBEAU et de toute la communauté, en présence de Mgr Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe.

Il ne s’agissait rien de moins que de relancer ce grand pèlerinage des familles, qui réunissait jadis des centaines de pèlerins, à l’occasion de la Fête de la Sainte Famille de Nazareth. D’où le choix du samedi 28 décembre, veille de cette fête liturgique importante pour l’Eglise, pour inviter les fidèles de Goyave et d’ailleurs à venir vivre ce temps fort, autour du Pasteur de notre diocèse et avec la forte implication des Equipes Notre-Dame très engagées, comme nous le savons, dans l’accompagnement des couples.

Les pèlerins accueillis à 16h sur le parvis de l’église, se sont vu remettre des signets à l’effigie de la Sainte Famille. Ensuite, ce fut le moment très attendu de l’exposition du Saint-Sacrement et de la méditation du chapelet à la Sainte Famille.  Puis, dans cette belle organisation, vinrent les témoignages historiques sur l’origine de la dévotion à la Sainte Famille, avant ceux de différentes familles actuelles de la paroisse : familles traditionnelles, monoparentales, recomposées, mixtes en religion, évangélistes, non chrétiennes.

Des témoignages très émouvants

Moment d’Eglise où l’on a pu écouter avec attention, ce couple d’époux ensembles depuis 60 ans dont 58 ans de mariage, qui a témoigné de la présence du Seigneur dans sa vie durant toutes ces années faites hauts et de bas. La foi, ciment de ce couple. Il y eut de même cette mère de famille venue dire combien il était fondamental pour elle de se rendre à la messe chaque dimanche avec ses enfants, indiquant à l’assemblée avoir hérité cela de ses parents qui lui ont transmis cette foi et cette vie d’Eglise. S’adressant ainsi aux fidèles aux côtés de ses enfants, elle s’est dit heureuse de leur transmettre à son tour ce vécu de chrétienne catholique pratiquante, à travers cette présence régulière et en famille à la messe, mais aussi dans la vie de tous les jours, formulant le vœu qu’eux aussi lorsqu’ils seront adultes, suivent cette voie, et transmettent cet héritage chrétien à leurs enfants. 

Ce temps fort fut également marqué par la Prière à la Sainte Famille, la reposition du Saint Sacrement, la bénédiction par l’évêque des statues de la Sainte Famille, avec pour finir cette procession de l’ancienne église de Goyave vers la nouvelle église, où ce pèlerinage s’est achevé par la célébration eucharistique de la messe anticipée du lendemain dimanche 29 décembre. Le pasteur de notre diocèse présida cette messe avec à ses côtés, le Père Norbert TIBEAU, curé de la paroisse. Mais aussi le Père Roland KINKOUNI, curé de Trois-Rivière, le Père Eugène KAZE, curé de Capesterre Belle-Eau, doyen du doyenné, et les diacres José OBERTAN et Philippe PAVILLA. 

La Sainte Famille, un modèle à suivre

Dans son homélie, Mgr Philippe GUIOUGOU a longuement expliqué le modèle qu’incarne aujourd’hui encore la Sainte Famille. « Jésus, Marie, Joseph à l'écoute de l'esprit. Quand nous retraçons l'histoire de Marie et de Joseph, ils ont été à l'écoute de l'ange. L’ange qui est venu annoncer à Marie cette bonne nouvelle, qu'elle aura un enfant. L'ange aussi, qui prendra soin de se manifester auprès de Joseph à travers ce songe en lui disant de ne pas s’inquiéter, de garder son calme, que l’enfant que porte Marie c'est bien le projet de Dieu et qu’il vient de Dieu. D’accueillir cet enfant, d’être un père pour cette Sainte Famille de Nazareth » a-t-il souligné.

Avouons-le, dans notre société antillaise, guadeloupéenne, la famille va mal. C’est une grande difficulté que nous traversons. Comment s’en remettre, comment sortir de cette spirale négative ? 

« Suivre Jésus, Marie, Joseph à l'écoute de l'esprit, un modèle que nous avons peut-être du mal à suivre justement, car nous le pensons inatteignable. Beaucoup s’interrogent sur leurs capacités à être à l’image de cette sainte famille. D’autres estiment sans doute ne pas mériter de tendre vers cet exemple. Nous le savons nos familles peuvent être traversées par la division, par la séparation, par des crises, par un manque d’amour » a poursuivi notre évêque, avant de s’arrêter sur les problématiques lourdes mais loin d’être insurmontables de nos familles pour peu qu’elles choisissent de s’inspirer de la Sainte Famille de Nazareth.

Rendons-nous à l’évidence : une crise profonde traverse nos familles

« Avouons-le, dans notre société antillaise, guadeloupéenne, la famille va mal. C’est une grande difficulté que nous traversons. Comment s’en remettre, comment sortir de cette spirale négative qui fait que la famille n'est plus ou plus difficilement en tout cas, ce socle, ce lieu où l’on grandit avec le plus de sérénité pour s'épanouir, devenir un homme, une femme, un adulte et enfin un père et une mère ; voir un lieu de vocation, parce que la vocation a pour naissance aussi la famille. Marie, Joseph, Jésus, un modèle qui peut-être pour nous difficile à suivre. Et pourtant, c’est un modèle dont la vertu est de nous donner la direction, l’orientation, le chemin, dont nous devons essayer de nous rapprocher » a indiqué Mgr Philippe.

Reste les clés et la méthode pour vivre concrètement ce beau chemin d’élévation spirituelle du couple en chemin à la suite du Christ et de sa Sainte Famille. Pour illustrer davantage son propos, l’évêque de Guadeloupe a salué le travail des Equipes Notre Dame, qui accompagne avec efficacité de nombreux époux et épouses, futurs mariés, familles recomposées et autres situations de vie ensemble. Le devoir de s’asseoir prôné par ces Equipes Notre-Dame peut être d’un grand secours dans une vie à deux.

Le pardon, c'est un chemin que je fais vers l'autre. Pardonner, on pourrait penser que cela suffit, mais ça suppose, quand on a pardonné sincèrement, de faire ce pas et de le manifester par des gestes de réconciliation » 

Faire vivre et grandir les couples guadeloupéens dans la foi, sous le regard de Dieu

« Prendre le temps, au moins une fois par mois, de s’asseoir et de discuter, de faire le point sur ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Non pas pour compter les points et savoir qui avait tort qui avait raison, mais sous le regard de Dieu. C’est-à-dire ce regard qui nous déplace. Ce regard qui va nous conduire à ne pas vouloir à tout prix avoir raison, à tout prix vouloir gagner. Pour cela, nous avons la foi comme ciment de la relation de couple, pour la vie parentale. Nous avons cette dimension chrétienne de croire, de croire en l'autre, de croire en Dieu, et de croire que le Seigneur peut être ce ciment. Quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Dans quelle mesure je regarde celui qui est en face de moi, celui dont je suis le plus proche, ma conjointe, mon conjoint, comme enfant de Dieu. Affirmer cela change le regard que je peux porter sur l'autre » a ajouté notre évêque.

La famille, un lieu également de pardon et de réconciliation, à tel point que dans le chapelet qui a été médité avant la célébration eucharistique de ce temps fort dédié aux familles, deux dizaines ont été consacrées précisément au pardon au sein de la famille et la réconciliation. Comme pour dire que le pardon est nécessaire en toutes circonstances. « Et qui dit pardon dit aussi réconciliation. Le pardon, c'est un chemin que je fais vers l'autre. Pardonner, on pourrait penser que cela suffit, mais ça suppose, quand on a pardonné sincèrement, de faire ce pas et de le manifester par des gestes de réconciliation » a tenu à rappeler Mgr Philippe GUIOUGOU.

Important de s’unir devant Dieu et de s’ouvrir aux grâces du sacrement du mariage

Gardant à l’esprit, ce beau témoignage entendu durant l’après-midi, de ce fidèle réaffirmant devant toutes et tous, l’amour qu’il porte à sa compagne, rendant grâce à Dieu pour cette vie avec elle, convaincu que seule la mort les séparera, Mgr Philippe s’inquiéta qu’une si belle union soit vécue sans le sacrement du mariage. Avec autant d’amour, un tel engagement déjà à l’œuvre, s’il n’y a aucun obstacle à ce que ce couple s’unisse devant Dieu, et bien évidemment si la volonté conjointe est là, pourquoi donc se priver de la grâce de se marier devant Dieu. En plus, dans cet état vous vous leur a dit en substance l’évêque de Guadeloupe. « Si ayen paka empêché zot mayé é si zot dakô, adan si mwa nou ka mayé zot » leur dit Mgr Philippe « é zot pé minm invité mwen » a ajouté l’évêque de Guadeloupe, sous les applaudissements amusés de l’assemblée.

« Je le dis souvent, il y a la famille rêvée, la sainte famille, ce modèle à suivre. Et il y a la famille réelle, nos différentes familles, unies, un peu moins, séparées, recomposées, monoparentales… Dieu pourtant est présent, et c'est notre certitude de foi, au sein de toutes ces familles. Le pire qui puisse nous arriver, c'est de mettre Dieu à l’écart dans toutes ces difficultés que nous pouvons vivre en famille. Il peut y avoir un moment donné où nous tombons, mais à quel moment nous remettons Dieu au centre » a prêché notre évêque.

La famille, un lieu d’Eglise

« Prions pour la famille comme un lieu d'Église, l'Église domestique, l'Église à la maison. La famille est un lieu, parce qu'il y a une certaine stabilité, qui permet de faire de nos enfants des futurs acteurs de la société, des acteurs en Eglise aussi. C’est son rôle. Elle peut aider à cela. Donc c'est une haute responsabilité », a dit aussi Mgr Philippe avant de conclure son homélie par la prière à la Sainte Famille. « Sainte Famille de Nazareth, que plus jamais il n'y ait dans les familles des scènes de violence, d’isolement et de division. Que celui qui a été blessé ou scandalisé soit bientôt consolé et guéri. Sainte Famille de Nazareth fait prendre conscience à tous du caractère sacré et inviolable de la famille, de sa beauté, dans le projet de Dieu. Jésus, Marie, Joseph, écoutez exaucez notre prière. Amen ! » Les fidèles présents et la communauté paroissiale de Goyave ne pouvaient pas espérer meilleure nourriture par la parole que cette méditation de l’évêque pour renouer avec ce pèlerinage de la famille, à Goyave.

Réapprendre en famille, à espérer, à aimer le Christ

Prenant la parole à la fin de cette célébration eucharistique, le curé de la paroisse, Père Norbert TIBEAU a chaleureusement remercié Mgr Philippe GUIOUGOU pour son homélie et de sa présence, rappelant que dans la lettre pastorale 2024-2025 de notre évêque, la famille fait partie des trois axes prioritaires du pasteur de notre diocèse. En venant relancer le pèlerinage à la Sainte Famille, à Goyave, Mgr Philippe, a-t-il affirmé, confirme ainsi toute l’attention qu’il accorde aux familles guadeloupéennes qu’elles soient croyantes ou pas.

« Plus que jamais, Monseigneur, les familles ont besoin d'être accompagnées, enseignées et guidées par l’Eglise, plus particulièrement par leur évêque. Comme je le dis souvent au paroissien, c'est la famille qui donne des hommes et des femmes à l'Église et à la société. Sans la famille, l'avenir et le devenir de l'Humanité, de l'Église ne sont pas assurés » a déclaré le curé de la paroisse.

S’adressant encore à Mgr Philippe, le Père TIBEAU, poursuivit ainsi. « A travers votre épiscopat, que les familles réapprennent à espérer, à aimer le Christ et son église, que l'espérance qui est le thème de l'année jubilaire 2025, refleurissent au sein de nos familles. Monseigneur, soyez remercié pour cette page d'histoire de la communauté paroissiale de Goyave que vous êtes venu réactiver. Si la paroisse de Goyave, à travers son histoire, a connu des événements malheureux où douloureux, elle a connu aussi des événements heureux, porteur de joie et d'espérance, de gratitude et d’allégresse ». 

Rendez-vous désormais chaque année à Goyave pour ce pèlerinage de la famille ?

« Nous venons de relancer ce grand moment de prière ou encore ce grand pèlerinage à la Sainte Famille instaurée en 1952 par notre prédécesseur, le père ADRIANI, curé à cette époque-là. Mgr, toute la communauté paroissiale de Goyave à travers ma voix, vous exprime leur joie, leur reconnaissance, d’avoir fait le déplacement afin de relancer officiellement ce pèlerinage qui fait partie de l'identité religieuse et cultuelle de la paroisse Sainte-Anne de Goyave. Pour reprendre le propos de notre historien, Monsieur Daniel MARIE-SAINTE, autrefois, les pèlerins, pour ne pas dire des paroissiens venant de partout, de tous les coins du diocèse, se réunissaient à Goyave afin de prier la Sainte Famille et rendre grâce à Dieu pour les bienfaits reçus. Fin de citation » [ndlr - Saint-Anne de Goyave : Histoire d’une paroisse de Guadeloupe – ouvrage de Daniel-Edouard MARIE-SAINTE, publié par La Société d’Histoire de la Guadeloupe en 2022]. En nous basant sur l’histoire de la paroisse, Goyave était un lieu de référence. Aujourd’hui encore, elle veut être ce lieu. Un lieu de rencontre pour les familles chrétiennes et même non chrétiennes » a souhaité le Père Norbert TIBEAU.

A noter que ce temps fort d'Eglise s'est déroulé en présence du maire de la commune, Ferdy LOUISY et de plusieurs membres de son équipe municipale. 

Thierry et Gladys FUNDERE 

 

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